6.04.2012

LOST002LP : LES MARQUISES "LOST LOST LOST" (SPECIAL EDITION VINYL)

Artiste: LES MARQUISES
Album:
LOST LOST LOST
Type:
LP
Année:
2011
Contact:
soundinside@gmail.com
Web:
http://lesmarquises.net
http://lesmarquises.bandcamp.com/album/lost-lost-lost-special-edition-vinyl
Prix :
14 euros

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Tracklisting
# LOST LOST LOST (VINYL + FREE MP3) 
1. Only Ghosts
2. La Terra Trema
3. Sound And Fury
4. This Carnival Of Lights
5. Comme Nous Brulons
6. Terrible Horses


# LOST LOST LOST REMIXED (FREE MP3)

7. Only Ghosts (VOLCANO THE BEAR remix)
8. Terrible Horses (ACETATE ZERO Remix)
9. Sound And Fury (FIELDHEAD Remix)  
10. Comme Nous Brulons (GARETH S. BROWN Remix) 
11. Only Ghosts (OLIVIER MELLANO Remix) 
12. La Terra Trema (NIM IS A TREE Remix) 
13. This Carnival Of Lights (ANGIL Remix)  
14. Only Ghosts (KARAOCAKE Remix)

Crédits
. Jean-Sébastien Nouveau : orgue, batteries, realistic concertmate-650, guitares acoustiques, basse, boite à rythmes
. Jonathan Grandcollot : batteries, basse, percussions, casio VL-tone
. Jordan Geiger : voix
. Avec l’aide de : Alexandre Solon (trompette), Julien Nouveau (guitare acoustique), Clément Vercelletto (clarinette), Martin Duru (claviers)
. Enregistré, monté, et mixé par Jean-Sébastien Nouveau et Jonathan Grandcollot
. Peinture réalisée par Sarah Gamble
. Ce disque a été inspiré par l’œuvre d’Henry Darger

Infos
L'an dernier, l'actualité du multi-instrumentiste Jean-Sébastien Nouveau, était la sortie du deuxième album de son groupe Immune. Bien accueilli, Not Until Morning (2008) distillait des mélodies mélancoliques mêlant habilement jazz, post-rock et électronique délicate, un éloge de la lenteur, onirique, entre Mark Hollis et Hood… Très vite, le Lyonnais aura cependant envie d'aborder sa musique sous un autre angle, plus tendu, plus intense, où orgues et batteries seraient centrales. En chemin, l'ami et batteur Jonathan Grandcollot, viendra renforcer la densité de la matière. Le thème de l'album s'imposera de lui-même, suite à la visite du musée d'Art Brut de Lausanne et la découverte capitale de l'œuvre d'un certain Henry Darger (1892-1973), un solitaire qui travailla toute sa vie dans les toilettes d'un hôpital de Chicago. À sa mort, on trouva dans sa chambre, Realms Of The Unreal, une espèce de bande dessinée en 13 volumes, faite de grandes aquarelles naïves et hallucinées, narrant l'épopée de The Vivian Girls, sept sœurs nubiles à la tête d'une révolte sanglante contre les adultes marchands d'enfants ! Lost Lost Lost en est directement inspiré. Restait à trouver un chanteur…


Si beaucoup de choses négatives ont été dites au sujet de la nébuleuse Internet, il n'empêche qu'elle permet des rencontres qui n'auraient jamais eu lieu autrement. Admiratif de la musique à fleur de peau des Américains Minus Story et plus particulièrement de leur quatrième Lp, No Rest For GhostsJordan Geiger et lui proposait de prêter sa voix à des compositions, imprégnées de la fascinante ambiance qui se dégage de l'œuvre de Darger - cette façon d'aller du rêve au cauchemar et du paisible à l'oppressant -, finalement assez proche de l'univers de Minus Story… À sa grande surprise, la réponse de l'Américain est positive. Tels des fantômes numériques, des voix et des instrumentaux vont alors voyager sur la toile et faire de nombreux allers-retours. Ensuite le trio se trouva un nom : Les Marquises, en écho à l'éloignement d'un artiste dont personne n'avait franchi la porte avant sa mort et à celui que choisit Jacques Brel, attendant la sienne, dans ces îles polynésiennes d'où il composa d'ailleurs l'ultime Les Marquises

Enregistré à la maison, avec les moyens du bord et le renfort d'une poignée d'amis, Lost Lost Lost a lentement pris forme, puis, comme un spectre sortant de brumes mélodiques, s'est matérialisé. Dès les premières mesures de l'orageuse, Only Ghosts, on est happé par un tourbillon de batterie entêtant, par le timbre particulier de Geiger qui sonne comme Edgar Allan Poe réincarné en Thom Yorke et par ces cuivres qui divaguent et s'étranglent, rappelant l'énergie et la folie de l'Escalator Over The Hill Jazz Composer's Orchestra tandis que les textes renvoient à l'ambiance malade de The Hapless Child (1975), du trompettiste autrichien Michael Mantler (avec Robert Wyatt) sur les contes tordus et cruels d'Edward Gorey (Sound And Fury, Carnival Of Lights). Comme dans un film de Tim Burton, ici, la noirceur est savoureuse, le malaise agréable. Tout aussi éloquents que les chansons, les deux instrumentaux de l'album, sont traversés de crépitements, griffures et crachins numériques (La Terra Trema) ou souligné de cordes lancinantes et fiévreuses (Comme Nous Brûlons). Aux frontières de l'ambient, ils sont disposés en forme de respiration, invitant l'auditeur à laisser son imagination errer dans ces paysages sonores touffus et peut-être aussi, filer sur la toile pour faire connaissance du travail de l'iconoclaste en visitant : http://www.hammergallery.com/Artists/darger/Darger.htm
Faisant l'habile synthèse de la pop atmosphérique d'Immune, avec celle plus écorchée de Minus Story, cette mouture dont les nuances (free)jazz sont à la hauteur de l'aliénation poétique de Darger, se pose d'ores et déjà comme la plus délicieuse manière de se sentir Perdu, Perdu, Perdu dans un environnement musical aventureux et exigeant, qui, en revanche, ne vous perdra pas en chemin !

par Marc Gourdon